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19 août 2009 3 19 /08 /août /2009 18:07

Il est difficile de visiter Tours et la cathédrale Saint-Gatien sans parler d’une famille tourangelle importante de l’époque : les Beaune de Semblançay. Retenons surtout deux frères : Jacques et Martin.

 

Martin, le cadet, est archevêque de Tours de 1519 à 1527. C’est lui qui offre à la cathédrale le somptueux orgue renaissance que nous pouvons toujours admirer aujourd’hui, probablement en 1521.
                                                                                                       







C’est un an plus tard (en 1522) que débuteront les ennuis de son aîné,
Jacques Beaune baron de Semblançay.

 

Jacques est de loin le plus connu, le plus puissant aussi.

Au service des finances de plusieurs rois successifs : Louis XI, Charles VIII, Louis XII et François 1er, il suscite de bonne heure la jalousie de ses contemporains car il est à la tête d’une fortune considérable. Il possède plusieurs châteaux en Touraine, dont :

                                                                                                

 
le « château de la Carte » à Ballan-Miré                        le château de Semblançay

                                                                                                      dont il est baron



et un magnifique hôtel particulier renaissance à Tours, dont il ne reste que des ruines.

 

On le trouve en empruntant un passage au n°28 de la rue Nationale. C’était l’hôtel particulier de l’époque renaissance le plus important de la ville et de nombreux rois y ont séjourné lors de leur passage à Tours. Il a été détruit par des bombardements en 1940 et ne subsistent aujourd’hui que la façade décorée de pilastres et la fontaine du XVIe siècle, sculptée en marbre blanc par l’atelier de Michel Colombe (le même atelier à qui l’on doit le tombeau d’enfants ).



Sous le règne de François 1er, Jacques Beaune de Semblançay devient surintendant des finances. Parmi ses attributions, il est chargé de rétribuer les troupes du roi.

 

Hors, son irrésistible ascension va prendre fin suite à un différent avec la reine mère Louise de Savoie :

 

En 1522, François 1er essuie une défaite en Italie et perd le Milanais car les troupes engagées ne reçoivent pas leur solde et se démobilisent. Le responsable est bien sûr…. le surintendant des finances !

Où est passé l’argent ? Il s’agit quand même de 400 000 écus !

Questionné, Jacques de Beaune avoue avoir remis cette somme à Louise de Savoie, qui l’exigeait pour rembourser une dette qu’elle avait envers la couronne. Comment refuser à la reine mère ?

 

Mais celle-ci, on s’en doute, ne lui pardonnera jamais cette dénonciation et sur son instigation une commission est nommée pour examiner les comptes du surintendant.  "Abondance de biens nuit … !"
Jacques de Beaune est arrêté lors d’un voyage à Paris et conduit à la Bastille. Malgré un procès controversé et un manque de preuves, il est condamné le 9 août 1527 à être pendu au gibet de Montfaucon et le 12 août, après avoir vainement espéré sa grâce vu son âge avancé, il est pendu…à 82 ans !

Son exécution a inspiré le poète Clément Marot, dont je vous livre ici l’épigramme :

Lorsque Maillart, juge d’Enfer, menoit

A Montfaucon Samblançay l’ame rendre,

A votre avis, lequel des deux tenoit

Meilleur maintien ? pour le vous faire entendre,

Maillart sembloit homme qui mort va prendre

   Et Samblançay fut si ferme vieillard

         Que l’on cuydoit, pour vray, qu’il menast pendre

      A Montfaucon le lieutenant Maillart.



Toute la famille va souffrir de disgrâce à la suite de l’exécution du surintendant, et tous leurs biens seront confisqués.

Martin, l’archevêque de Tours, suivra son frère de peu dans le caveau familial. Il est mort, dit-on « d’ennui et de mélancolie » la même année.

 

Après la mort de Louise de Savoie la reine mère, les Beaune de Semblançay seront réhabilités et il apparaît même que le roi devait en fait de fortes sommes d’argent à son surintendant (c’est jamais bon, ça !) , ce qui a probablement contribué à son élimination…

 

La prochaine fois, nous retrouverons le fil de notre histoire que nous avons dû quitter pour retracer les quatre siècles de construction de la cathédrale. Nous le ferons grâce à deux vitraux du XIIIe siècle qui se trouvent dans le chœur et racontent l’histoire de Saint-Martin.

 


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13 août 2009 4 13 /08 /août /2009 18:13

Nous avons vu la dernière fois les tours Renaissance (XVIe) de la Gatienne. Dans la cathédrale se trouvent également un superbe tombeau et des orgues de la même époque.

 

Une chapelle abrite un magnifique tombeau. Il est composé d’un sarcophage supportant deux gisants (sculptures allongées). Mélange de styles français et italien, digne représentant de la « Renaissance française », le socle est sculpté par l’Italien Jérôme de Fiesole et les gisants par le neveu de Michel Colombe (grand architecte tourangeau) Guillaume Régnault.

Il est en marbre de Carrare, d’un beau blanc laiteux, avec des incrustations de marbre noir sur les manteaux des enfants. La dalle sur laquelle reposent les gisants, les médaillons des petits côtés du sarcophage et les plaques de la base sont aussi en marbre noir. Imaginez également une autre base dans ce même marbre entre le sarcophage et son couvercle, aujourd’hui disparue.
 


                                                                    


Les gisants d’enfants sont accompagnés de deux anges porteurs d’oreillers et de deux autres porteurs d’écus, sur lesquels on peut voir des dauphins et des fleurs de lis.



Il s’agit du tombeau de deux enfants royaux :

            -        Charles Orland, mort à 3 ans,

            -       et son petit frère, Charles aussi, mort à 25 jours.


C’étaient les enfants du roi Charles VIII et de la reine Anne de Bretagne.

Princes héritiers, ils ont dans leur blason les fleurs de lis et les dauphins : la province du Dauphiné est réservée à l'héritier du trône de France, qui porte pour cette raison le titre de « Dauphin ».

Morts en bas-âge (c’était le cas pour de nombreux enfants à l’époque), leur disparition prématurée, puis la mort du roi Charles VIII leur père, feront de la reine Anne une veuve sans héritier et l’obligeront, soit à le rester, soit à épouser le successeur de son époux.


En effet, pour contrôler, et même s’approprier le duché de Bretagne, Louis XI avait eu l’idée de cette alliance entre son fils Charles VIII et la duchesse Anne. Pour être sûr de conserver ce duché, un contrat de mariage très spécial précisait qu’Anne de Bretagne devrait épouser le roi suivant (si elle désirait se remarier) au cas où  Charles mourrait sans héritier…ce qui fut le cas.

A la mort de son époux, elle épousera donc Louis XII et sera ainsi la reine de deux rois. En contrepartie, la Bretagne bénéficie de privilèges particuliers. Certains subsistent encore aujourd’hui, qui se manifestent, par exemple, par la gratuité des autoroutes dans toute
la Bretagne.


Aux angles du sarcophage, sur les écus et la robe des enfants on retrouve les dauphins et les fleurs de lis.

Autour du sarcophage, une corde avec des nœuds : c’est la cordelière des franciscains, symbole de veuvage depuis Anne de Bretagne.

Ce tombeau se trouvait au milieu du chœur de la basilique Saint-Martin de Tours. Il est épargné à la révolution grâce à sa beauté et transporté par la suite dans la cathédrale.

 



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6 août 2009 4 06 /08 /août /2009 16:51

400 ans d’architecture et de styles différents sont présents dans la « Gatienne » (surnom de la cathédrale de Tours) ; résumons :

            - base et fondations du XIIe

            - choeur du XIIIe

            - nef et transept du XIVe et XVe

            - façade et tours du XVe et XVIe

 




Avant de revenir à l’intérieur, regardons la façade…un riche décor flamboyant, véritable dentelle de pierre, la tapisse toute entière.

Elle est superbement ciselée, car construite dans une pierre calcaire très tendre, le tuffeau, qui nous vient des coteaux en bord de Loire et sera également la pierre des châteaux de la Loire.











Avec une telle décoration de flammes, d’arches élancées, de lignes verticales, hautes, on s’attendrait à voir la façade prolongée par des flèches qui chercheraient à atteindre le ciel…






Mais entre temps le XVIe siècle arrive, avec ses campagnes d’Italie et la découverte d’un nouveau style, qui devient LE STYLE à la mode, je veux parler bien sûr de la renaissance (= re-naissance de l’antiquité). Le style gothique, aussi flamboyant soit-il, devient complètement démodé, et il n’est pas question de poursuivre la construction des tours de la cathédrale avec ces éléments aussi vieillots. Ce ne seront donc pas des flèches, mais des dômes qui seront ajoutés, surmontés de lanternons, avec une décoration toute nouvelle, très influencée par l’Italie.

          

    La Gatienne est d’ailleurs une des premières cathédrales coiffées de dômes et non de flèches.





La décoration change aussi beaucoup. Finies les lignes élancées, les arcs brisés, voilà maintenant des arcades en anses de paniers, des niches contenant des statues, des colonnes aplaties ou pilastres et des médaillons, qui se mélangent parfois encore avec les pinacles gothiques. Ce mélange d’éléments des deux styles offre une transition qui empêche l’ensemble d’être choquant.




Quatre siècles de construction… et des décennies de restauration ! Fragilité de la pierre, détériorations dues au temps et à la pollution…

Peu de Tourangeaux ont vu la Gatienne sans échafaudages !

 

Dommage, me direz-vous ! Quoique…

 

Horsmis le fait que leur présence est indispensable pour effectuer les restaurations, certains ont pu trouver une autre utilité à ces échafaudages…

 
Les Tourangeaux vivants dans ce quartier en 1958 se souviennent peut-être que certains matins les cloches sonnaient en retard…et se demandent peut-être encore pourquoi ! Simple dérèglement du système ? Pourquoi pas ?

Je vais leur dire aujourd’hui la raison de ces quelques grasses matinées involontaires :

 

Quelques garnements, internes à proximité de la cathédrale, qui devaient se lever très tôt le matin pour se rendre à l’école, ont eu l’idée (géniale) de faire le mur et d’escalader les échafaudages jusqu’à une ouverture dans une des tours, leur permettant ainsi de rentrer. Il suffisait ensuite de monter jusqu’aux cloches pour dérégler le mécanisme…et rester au lit le lendemain, en disant attendre que les cloches sonnent pour se lever !

Bien sûr, ils se les sont fait sonner aussi ! et comme ils doivent peut-être encore des heures de colle…je ne nommerai personne !



La prochaine fois nous reviendrons à l’intérieur pour voir quelques chefs d’œuvre intéressants.

 


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30 juillet 2009 4 30 /07 /juillet /2009 16:50

La « Cité » (ville romaine) est le 1er noyau dur de Tours, le 1er cœur de la ville. Il y en aura un 2ème : « Châteauneuf » que nous verrons prochainement.

 

Restons un peu dans la « cité », car c’est la que sera construite la cathédrale quelques siècles plus tard, placée sous le vocable de Saint-Gatien, 1er évêque de Tours. Les Tourangeaux l’appellent amicalement « la Gatienne ».




Elle remplace un édifice roman, dont il reste la base et les contreforts des tours sur l’ancien rempart romain.



La construction de cette cathédrale commence au XIIIe siècle et a demandé pas moins de 400 ans. Si le chevet est construit rapidement, en 40 ans, la suite des travaux plus laborieuse est dûe au manque de financement, ce qui entraîne une hétérogénéité des styles. Nous passons ainsi par toutes les étapes du style gothique, du primitif au flamboyant, en allant même jusqu’au style renaissance, chaque époque laissant sa propre empreinte…. superbe collection de styles en un même endroit !





La construction débute par le chevet (= chœur à l’intérieur), dans lequel se trouvent les vitraux les plus anciens (XIIIe). Puis, au lieu de continuer logiquement avec le transept et ensuite la nef, on commence à bâtir la nef sur les bases romanes, au niveau de la façade et on remonte vers le chœur (voir le plan)…seulement, on a du mal à joindre les deux bouts ! D’où un décrochement entre la nef et le chœur.

           
      Certains veulent voir là une allusion au Christ sur la croix, la tête penchée…ça n’engage qu’eux !



La partie basse de la nef est achevée au XIVe siècle et les fenêtres hautes au XVe.

En entrant, on a une impression formidable de hauteur : elle fait 29m, ce qui n’est pas extraordinaire pour une cathédrale, mais étant étroite, elle semble très haute, élancée vers le ciel. De plus, les piliers de la nef sont d’un seul jet et augmentent ainsi cette impression. 



En avançant jusqu’à la croisée des transepts, on découvre le chœur et ses hautes verrières, et les deux rosaces des transepts qui forment un ensemble harmonieux et raffiné.




       





La rosace du transept sud est un peu masquée par l’orgue et montre une forme losangée.








Celle du transept nord est parfaitement circulaire. Les angles, habituellement en pierre, sont ici en verre. Une rose tout en vitrail sans soutien de pierre, voilà qui constituait un rêve…et un défi aux lois de la pesanteur !

Hélas ! Trop de beauté….tue l’harmonie ! Menaçant de s’écrouler, il a fallu l’étayer, ce qui explique ce pilier en plein milieu. Quel dommage !




Quant au chœur (du XIIIe), il est considéré par Viollet-le-Duc comme l’un des plus beaux de France à cause de la forme élancée des supports : des piliers s’élevant jusqu’aux voûtes sans chapiteaux intermédiaires et trois niveaux d’ouvertures :

- des arcades élancées   
- un triforium ajouré

- des fenêtres hautes garnies de vitraux.

Quand on connaît Viollet-le-Duc, cela ne peut être qu’un magnifique compliment (justifié d’ailleurs). Il est très connu pour ses restaurations de monuments au XIXe, pas toujours fidèles… ni de bon goût.


Il disait paraît-il :  « Je ne cherche pas à restaurer les monuments exactement comme ils étaient, mais…comme ils auraient dû être ! » c’est dire !


Heureusement, la cathédrale n’est pas passée dans ses mains, même si le chœur aurait peut-être eu grâce à ses yeux, puisqu’il était à son goût.

 


Ah ! Les restaurations ! Nous en parlerons la prochaine fois en admirant la façade de la Gatienne... En attendant vous pouvez faire une visite virtuelle en 3D de la cathédrale sur le site : http://360touraine.com/    

 

   

 

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22 juillet 2009 3 22 /07 /juillet /2009 18:26

Ah ! La gloire des Romains ! La belle « Pax Romana » (paix des Romains)!

Combien de bâtiments ou monuments en sont témoins !

 

Mais le peuple ? Le petit peuple ? Est-il heureux ? Qui finance tous ces travaux : les termes, l’amphithéâtre, les aqueducs, les nombreuses voies romaines…la Pile ?...devinez !

 

Mais oui ! Tout le monde ! Nous n’avons pas inventé les impôts. Il apparaît qu’ils étaient déjà très lourds. Et les Gaulois restant …des Gaulois, on peut imaginer leur réaction !






Le poids de la fiscalité romaine entraîne des paysans gaulois pauvres à se révolter contre la domination romaine. On voit aussi se constituer des bandes armées de brigands, de soldats déserteurs, de paysans sans terre. C’est « la révolte des Bagaudes » (le mot bagaude vient du celte « bagad » qui signifie troupe, attroupement).

 

A tout cela s’ajoutent de nouvelles vagues d’invasions, des raids de Barbares : les Francs en particulier.

 

De nombreuses villes du Val de Loire, dont Caesarodunum (nom romain de Tours), sont dévastées et il devient urgent de se protéger. Alors très vite on construit des remparts, en utilisant les bâtiments existants.

 

C’est ainsi que l’amphithéâtre, du moins la moitié Sud de son mur extérieur, devient partie intégrante de l’enceinte gallo-romaine.

 

C’est le grand mur qui longe la « rue du Général Meusnier ».

Un autre vestige très bien conservé de ce rempart se trouve « rue du petit Cupidon », dans le jardin des archives départementales. Ici, la muraille possède encore une tour, mais aussi une poterne qui devait permettre le passage dans la cité d’une voie romaine.

On remarque d’ailleurs encore au sol deux profonds sillons,  témoins du passage des   chariots.

 




Les révoltes et invasions ont poussé les Romains à se fortifier, mais il faut savoir qu’une infime partie de la ville se trouve ainsi mise à l’abri. Seuls les bâtiments importants, et probablement le quartier administratif sont protégés par ce rempart. (Le reste de la population n’a qu’à se débrouiller tout seul !)

 

On appellera ce quartier fortifié « la cité ».

 


 

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15 juillet 2009 3 15 /07 /juillet /2009 14:44

En 2005, des recherches au pied de la Pile de Cinq-Mars ont mis à jour une statue qui devait mesurer environ 1m80. La voici avant sa restauration :



Cette statue représente un oriental (peut-être un Parthe), identifié ainsi par sa chevelure et son vêtement, mais son expression et son attitude avec un bras vers l’arrière et un collier qui fait plutôt penser à un carcan de prisonnier font dire aux chercheurs qu’il s’agit vraisemblablement d’un captif oriental. Le voici après une bonne toilette :

 




Que vient-il faire ici ?

Je vous donne l’hypothèse retenue comme étant la plus probable :

 

L’image du captif renvoie à des monuments funéraires célèbres présentant sur leur face des scènes illustrant la carrière militaire du défunt et ses actes de bravoure. Il pourrait alors appartenir à un trophée, mémoire d’une gloire passée. Dans ce cas, la statue n’est probablement pas isolée mais appartient à un groupe statuaire relatant un fait d’armes du défunt. Hors, on n’en a pas trouvé d’autres, ce qui ne veut rien dire car la statue est en tuffeau, pierre des coteaux de la région, très friable, et c’est presque un miracle que celle-ci ait survécu. 


Cette statue d’un captif nous fait dire que la Pile est surement conçue pour s’imposer à la vue des passants. Elle paraît avoir deux fonctions :

 

-   
U
ne fonction funéraire. Elle vise à signaler une tombe, à célébrer la mémoire d’un défunt. Mais ce n’est pas à proprement parler le tombeau. Elle marque seulement l’emplacement d’un espace funéraire rural et privé.

 

-    Elle a aussi, et surtout, une fonction symbolique, purement ostentatoire, proche de l’autocélébration. Elle signale l’importance du commanditaire. Il s’agit surement d’un propriétaire foncier (à 150 m de la Pile se trouvent les vestiges d’un domaine agricole), mais également vétéran de haut rang. Il ne pouvait être question d’un simple légionnaire, qui ne se serait pas permis d’afficher ainsi une victoire.

 




Ce vétéran appartenait sans aucun doute à l’élite de l’armée romaine et avait des responsabilités publiques dans la cité turonne proche. Modestie oblige, avec ce monument il affiche

la gloire de Rome… 
« Ave César !...Ave Moi ! »

 

 
Il revendique et affiche une culture, celle de Rome. C’est la mise en scène d’un passé glorieux, d’un rôle actif dans la politique impériale, un rôle de conquérant.

Lui ou ses descendants cherchent à affirmer leur légitimité en rappelant une victoire romaine à laquelle ils auraient participé. Bref ! Une façon d’affirmer richesse et pouvoir.

 


 

 

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9 juillet 2009 4 09 /07 /juillet /2009 14:06

Le pont-aqueduc de Luynes n’est pas le seul monument gallo-romain intéressant de la région. Continuons toujours à descendre la Loire pour arriver à Cinq-Mars-la-Pile (déformation de « Saint-Médard », devenu « Saint-Mars » puis « Cinq-Mars »). Ce que vous apercevez alors à flan de coteau pourrait passer pour une immense cheminée…. Sacrilège suprême ! C’est la Pile de Cinq-Mars, une tour pleine de 29,40 m en brique, avec un remplissage de moellons, qui elle aussi date du temps des Romains.
                                                                                 
 



Etant située en face du confluent de la Loire et du Cher, on a longtemps pensé qu’il s’agissait d’une immense borne, servant à orienter la navigation (ce qui d’ailleurs n’empêchait pas !). Ou bien s’agissait-il d’un mausolée ?




La 2ème hypothèse se rapproche davantage de ce qui semble la vérité aujourd’hui. Il convient d’être très prudent, car cette « Pile » est un cas unique avec :

 

-        Ses panneaux mosaïqués au 2ème étage (en général, cette décoration orne l’intérieur des niches)

-        Le sommet couvert d’une pyramide aujourd’hui disparue

 

Mais elle est aussi unique dans sa signification. On connaît d’autres exemples de monuments funéraires de ce type et de cette époque en France, mais avec de grandes différences.

                                                                              



 

Simple monument funéraire ? Sûrement pas !

 

Des recherches en 2005 ont mis à jour trois éléments nouveaux :

-        une terrasse monumentale à proximité

-        un bâtiment semi-excavé

…. et surtout une statue !

 

Nous verrons cette statue et l’hypothèse qui en découle sur la signification de la Pile très prochainement.

 


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3 juillet 2009 5 03 /07 /juillet /2009 14:33

Après une parenthèse sur l’histoire de la toilette, restons encore un instant dans le bain. Les Romains en sont friands, nous l’avons vu, mais le problème de cette manie romaine est qu’elle est très gloutonne en eau. Cela les conduit à développer des techniques assez extraordinaires pour l’époque. Pour acheminer l’eau, ils vont construire des aqueducs. Nous connaissons le pont-aqueduc du Gard…

 

 

 

                   
En Touraine, subsistent à Luynes les vestiges d’un pont-aqueduc, moins important que celui du Gard, mais néanmoins très impressionnant. Pour le trouver, suivez la rive droite de la Loire direction Langeais – Saumur. Arrivé à Luynes, montez sur le coteau et à 2 km de la ville on découvre en pleine campagne un alignement très surprenant d’immenses piliers, conservant quelques arches.



Il reste actuellement 44 piles du pont (99 à l’origine) sur une distance de 300 m, dont 9 sont encore reliées par des arches. 
                                                                           

   

                                                                           


Il est construit en « petit appareil » (assemblage de petits moellons), avec des rangées de briques au niveau des arches.

Ce pont-aqueduc ne desservait probablement pas une ville, mais une importante villa privée, connue grâce à Grégoire de Tours (un de nos premiers historiens) sous le nom de « Malliacum ».


Quelques familles romaines puissantes habitaient cette partie de la région, à proximité de Tours, de riches propriétaires fonciers essentiellement.

Nous le verrons d’ici peu avec un autre monument romain à quelques kilomètres seulement de Luynes, à Cinq-Mars-la-Pile. Ce sera l’objet de notre prochaine balade.

 



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26 juin 2009 5 26 /06 /juin /2009 13:58

Les Romains aiment l’eau et nous en donnent le goût pendant plus longtemps qu’on ne le pense. On s’imagine souvent que les hommes et les femmes du Moyen Age ne se lavaient pas, ou peu. C’est injuste !

 

 En fait, on se lavait fréquemment, non seulement pour être propre, mais aussi par plaisir. Il y a même une véritable obsession de la propreté infantile. Les bébés sont lavés plusieurs fois par jour, après chaque sieste :

le bain est donné

« quand l’enfant aura assez dormi, même si l’on doit le laver trois fois par jour. On le baigne pour nourrir la chair nettement».



A l’âge adulte, les bains sont tout à fait intégrés à la vie quotidienne. Chaque quartier possède ses bains propres. Il est plus facile pour la plupart des gens d’aller aux étuves que de se préparer un bain chaud chez soi. Les « thermes » existent donc encore et la mode des bains est d’ailleurs remise à l’honneur par l’intermédiaire des croisés qui découvrent l’Empire Romain d’Orient (eh oui, toujours les Romains !). Ils y découvrent la relaxation du bain et rapportent chez nous cette pratique de bien-être.

 

Vers le XIIe siècle, la simplicité des mœurs fait qu’on ne voit pas malice à se montrer nu, les bains sont pris en commun, mais au fil du temps cette pratique prend un « caractère plaisant » prétexte à toutes sortes « d’agréments » galants.

 

 Etuves publiques

On voit sur cette miniature des couples qui, après avoir festoyé autour d’une table installée dans une immense cuve remplie d’eau, se dirigent vers les chambres à coucher.

 

En d’autres termes, les bains publics deviennent progressivement des lieux de débauche, de prostitution. Ce sont de vrais « bordiaux ».




Des règlements tentent bien d’interdire l’accès aux bains des malades (en particulier les lépreux) et des prostituées. A la fin du XVe siècle, les procès se multiplient….en vain. Le ver est dans le fruit ! Ils doivent fermer. Cela devient même inévitable avec l’apparition de la syphilis. C’est la fin des bains publics.

 

Finis les bains d’immersion, voici venue l’ère des ablutions. L’eau devient objet de toutes les craintes. On croit qu’elle ouvre les pores de la peau et que les microbes peuvent ainsi rentrer.

 




Au XVIe siècle, Les plus riches disposent de bains privés, dont on use pour honorer les invités lors de festivités, et où il n’est pas rare de manger. Il est réservé à une élite cultivée et savante. Il fait l’objet de tout un cérémonial qui se donne dans la chambre, espace de réception et est accompagné de nombreux parfums, herbes rares et ustensiles de toilette précieux.













Cette peinture nous montre
Gabrielle d’Estrées au bain avec sa sœur. Le pincement de téton signifie que Gabrielle est enceinte. Rappelons qu’elle était une des favorites d’Henri IV, dont elle eut 3 enfants.








Pour Henri IV, le bain n’est qu’un prétexte à des rendez-vous galants….quand il en prend !

 

            Une fois par mois… même s’il n’en a pas besoin !

            Son odeur était si forte qu’elle en piquait les yeux !

 

En fait, grand amateur d’ail, il aime aussi les odeurs corporelles fortes au point, paraît-il, de demander à ses maîtresses de ne pas se laver avant l’acte.

            On comprend que Gabrielle ait eu envie de prendre un bain….après !

 





Petit à petit, les bains privés finissent par disparaître à leur tour.

Pour se laver, on change de linge de corps…c’est la naissance de la chemise, blanche de préférence, dont les cols et manchettes dépassent pour montrer que l’on est propre.

On pratique maintenant « la toilette sèche » : on utilise uniquement un linge propre et sec pour frotter les parties visibles du corps (le visage et les mains). On pense que les vêtements captent la saleté, donc le corps dessous est propre et pas besoin de se laver…les parfums font le reste.

Le bain ne se prend plus que sur ordonnance médicale.

 

Même Louis XIV , le grand « Roi Soleil », en est réduit aux simples ablutions.



En construisant Versailles, il fait aménager un appartement de bains de plusieurs pièces richement décoré d’œuvres d’art et de marbre, mais la baignoire octogonale finira en bassin dans les jardins, car la faculté (comprenez les médecins) lui déconseille les bains, trop dangereux. Le roi se lave le visage et les mains…et cache les odeurs à grand renfort de parfums.







 

Toujours à Versailles, vous pouvez voir la reine Marie-Antoinette sur cette petite vidéo qui déteste tout le cérémonial de la toilette, car publique, mais qui adore prendre son bain. Par contre, il faut se reposer après… pour s’en remettre ! L’eau est toujours dangereuse !

 

 

Il faut attendre le XIXe siècle pour voir un renouveau de l’hygiène avec les fosses sceptiques, les eaux usées, le début du tout à l’égout, qui remplace le « tout à la rue », la toilette quotidienne à l’eau et au savon.

Mais tout cela va prendre du temps :

     -    en 1962 : seulement 29% des foyers ont une baignoire ou une douche.

           -   Aujourd’hui, 44% des Français se lavent tous les jours.

 


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18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 15:25




L’importance de l’amphithéâtre de Caesarodunum laisse présager également de l’importance des thermes.








Citons en un à proximité de l’arène, sachant qu’il y en avait plusieurs.




Derrière la cathédrale, sur la « Place Grégoire de Tours » se trouvaient des thermes, dont il  reste quelques vestiges découverts par des fouilles, dans les
sous-sols de la « maison de la Justice des Bains ».





La civilisation romaine nous fait faire un grand pas en avant dans le domaine de l’hygiène corporelle, et nous donne des habitudes de propreté que nous nous dépêcherons de reperdre plus tard !

 

Les Romains aiment l’eau.

Les thermes ont une place cruciale dans la vie des Romains. Ce sont des établissements de bains publics chauds, ouverts à tous, riches et pauvres. On y sépare en général les hommes et les femmes, quoiqu’à la fin de l’Empire Romain, certains étaient, paraît il, mixtes.                                                                                                                                                                                                                                  


En général, les Romains se lèvent très tôt et font une petite toilette rapide avant d’aller travailler. Ils travaillent toute la matinée puis se rendent aux bains. Ils aiment passer d’un bain froid à tiède puis chaud et froid à nouveau (comme aujourd’hui dans les saunas). C’est un long moment de détente qui va durer une grande partie de l’après-midi.

Bien sûr, on ne reste pas dans l’eau jusqu’au soir. Ce lieu a aussi une fonction sociale importante. Dans les plus grands on y trouve : une bibliothèque, un endroit pour faire du sport et toute une infrastructure très moderne pour l’époque.

On s’y lave, mais on y rencontre aussi ses amis, on joue aux dés, on y fait du sport, on traite des affaires, on se restaure…bref ! Ces établissements sont au centre de la vie sociale.

 


Pour les assister les riches sont accompagnés de leurs propres esclaves et les pauvres peuvent recourir à ceux qui travaillent dans les thermes.



Toutes ces personnes et ces activités créent une atmosphère très vivante, voire même bruyante, pas toujours au goût du voisinage, comme en témoigne le philosophe Sénèque qui retrace bien l’ambiance qui y règne :

 

 

« Imagine toutes les sortes de voix qui peuvent te faire prendre tes oreilles en haine ; lorsque les sportifs s’exercent et travaillent aux haltères, pendant leur effort, ou leur semblant d’effort, j’entends des gémissements, et, chaque fois qu’ils reprennent haleine, c’est un sifflement et une respiration aiguë. Lorsque je tombe sur un paresseux et quelqu’un qui se contente d’une friction à bon marché, j’entends le claquement de la main sur les épaules…. Et s’il vient par là-dessus un joueur de balles, qui commence à compter les coups, tout est consommé !  Ajoute à cela le querelleur, et le voleur pris sur le fait, et l’homme qui aime entendre sa voix, quand il prend un bain. Ajoute encore les gens qui sautent dans la piscine au milieu d’un fracas d’eau éclaboussée. Mais en plus de ces gens-là, dont la voix est au moins normale, imagine la voix aiguë et aigre des épileurs, qui veulent se faire ainsi mieux entendre, et poussent tout d’un coup des cris, sans se taire jamais, sinon lorsqu’ils épilent une aisselle et alors, font crier les autres à leur place. Et puis, les cris variés du pâtissier, et le marchand de saucisses, et le vendeur de petits pâtés, et tous les garçons de taverne qui annoncent leur marchandise avec une mélopée caractéristique. »

 


 

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